Des nouvelles de Nala, bonnes comme moins bonnes, mais le bilan est positif.
Nala a enfin trouvé son nouveau et dernier maître: un jeune homme très posé et motivé. N'étant pas encore détenteur du certificat d'aptitude à la détention des chiens catégorisés, sa formation est programmée dès que les mesures de confinement le permettront et son formateur est un cynophile plus qu'averti. Il m'a contacté pour obtenir quelques infos sur Nala et... notre conversation a duré 3 heures! Autant dire que nos conceptions du monde canin convergent!
Nala s'est parfaitement adaptée à sa nouvelle vie. Elle a aussitôt pris ses marques, se montre obéissante et câline:
tout le monde nage dans le bonheur! Coté nouvelle évaluation comportementale, comme je le prévoyais, un classement à 2 sur 4.Mais, une mauvaise surprise qui handicape fortement une démarche d'adoption par une famille.
Du fait de la non coopération de Nala, lors de l'examen de sa queue,
le rapport prescrit le port systématique de muselière dès lors que des enfants seront présents!Comment apprendre à Nala à détester les enfants, en une leçon!
La judiciarisation croissante pousse bien évidemment les vétérinaires comportementalistes à s'entourer d'un maximum de précautions pour dégager leur responsabilité en cas de séquence agressive postérieure à la production de leur rapport.
Nous vivons une époque incroyable où, pour qu'un chien soit qualifié de "normalement sociable", celui-ci doit accepter d'être manipulé par un parfait inconnu et dans ses zones les plus intimes!
En fin d'un examen qui avait déjà duré dix minutes, quoi d'étonnant que Nala manifeste une impatience et demande à ce qu'on la laisse tranquille en émettant un grognement ?
Quoi d'étonnant, alors que l'examen continue malgré tout, qu'un grognement un peu plus menaçant soit poussé et qu'elle finisse par se débattre?
N'aurait-il pas tout simplement fallu faire une pause, une rapide promenade à l'extérieur du cabinet pour que la pression retombe ?
On sait, notamment dans les séances d'éducation, qu'au bout de 10 minutes, un chien décroche.
En ce qui me concerne, du fait de la relation existante entre Nala et moi, elle accepte parfaitement que je manipule sa queue et sans la moindre contrainte de ma part! Un vétérinaire inconnu, un cabinet chargé d'odeurs multiples de stress et on n'admet pas qu'à un moment le chien demande à siffler la fin de l'épreuve...
Paradoxe absolu! Notre véto partenaire et moi nous connaissons très bien et sommes en total accord sur le fait que c'est le détenteur qui fait le chien.
Et c'est là que ça se retourne contre le chien pour lequel je montre, par l'exemple, que ce chien est fiable en tous points: "Oui, c'est vrai! Tout se passe bien, mais avec vous! Avec un autre maître, ce pourrait être tout différent! Tout le monde n'a pas votre savoir-faire!".
C'est un peu la même situation qu'avec les primes d'assurance auto. Avec certains véhicules, on doit s'acquitter a priori d'une surprime, car certains conducteurs ne se sont pas montrés à la hauteur avec ce modèle. Et pour les chiens catégorisés, la transposition du système du bonus malus impose de débourser 150 € pour une nouvelle évaluation dont l'issue est aléatoire puisque laissée à l'appréciation subjective du vétérinaire, même si aucun accident n'est à déplorer depuis la précédente évaluation.
Au bout du compte, comment sortir du délit de faciès, plus ou moins conscient! Au nom d'un principe de précaution affiché, on finit par préconiser des mesures contreproductives car elle altère l'indispensable confiance réciproque qui se doit d'exister entre détenteur et chien.
Si Nala était un Shi Tzu, comme Django qui avait infligé de profondes morsures à son maître, aurait-on préconisé le même port de muselière ? Bibi, comment procèdes-tu au quotidien avec cette ancienne terreur ?
Tout chien qui passe la porte du cabinet véto pour une pathologie qui occasionne des souffrances ne devrait-il pas alors, dans la même logique, être muselé ?
La conclusion du rapport préconisant
une réévaluation, 6 mois après l'adoption, tout espoir de voir le classement revu à la baisse m'apparaît perdu.
Et la solution que j'adopte, en accord avec le nouveau maître, est de ne pas faire adopter Nala qui restera donc propriété de l'ADSA.
Le nouveau maître, ayant acquitté sa cotisation, est réputé être membre actif, assurant bénévolement le rôle de famille d'accueil "à vie".
J'ajoute que ma confiance en notre véto partenaire n'est pas altérée car je suis bien conscient que nous sommes tous deux tributaires d'un cadre légal qui, depuis 2009, a été posé dans une totale méconnaissance du monde canin...