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 LE CHIEN DANS L'EDUCATION FAMILIALE

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tankasacha
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tankasacha


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MessageSujet: LE CHIEN DANS L'EDUCATION FAMILIALE   LE CHIEN DANS L'EDUCATION FAMILIALE EmptyMar 26 Mar 2013 - 22:12

Le chien dans l’éducation familiale : ordres et désordres
Auteur Nathalie Simon


Nathalie Simon est vétérinaire comportementaliste, éducateur canin, doctorante en sciences humaines de l’éducation (université catholique de l’Ouest à Angers et université de Sherbrooke au Québec).


Résumé

Le chien de compagnie fait désormais partie de la famille. L’éducation familiale tient compte de sa présence et de sa participation à différentes activités, notamment avec les enfants. Obtenir le contrôle et l’obéissance du chien est une préoccupation de la famille, une nécessité, voire un enjeu. Or les difficultés sont nombreuses, à ce sujet, dans la vie quotidienne. En voulant éduquer son chien, la famille met en œuvre différents principes issus des modèles éducatifs destinés au chien, de ses propres habitudes et le plus souvent d’un amalgame réalisé à partir du sens caché des mots du langage courant. Les conséquences sont sérieuses car de nombreuses ambiguïtés et applications confuses s’inscrivent entre dominance et punition, et évoluent vers un processus de maltraitance.
Mots-clés
chien, éducation, famille, maltraitance, obéissance, dressage, autorité, dominance, soumission, punition, maître



The pet dog has become a member of the family. Family education takes into account its presence and its participation in various activities, in particular with the children. To obtain the control and the obedience of the dog is a concern of the family, a need, even a stake. However, the difficulties are numerous in everyday life. While wanting to educate her dog, the family implements various principles resulting from the educational models intended for the dog, her own practices and generally from an amalgam carried out starting from hidden meanings of the current words. The consequences are serious because many ambiguities and confused applications are registered between predominance and punishment and may evolve towards ill-treatment.
Keywords
dog, education, family, ill-treatment, obedience, training, authority, predominance, tender, punishment, master, chief


PLAN DE L'ARTICLE

Le chien de compagnie fait désormais partie de la famille
Le contrôle du chien est source de difficultés dans l’éducation familiale
Des désordres à la maltraitance



Le chien de compagnie fait désormais partie de la famille
Cet animal de compagnie a pris une place importante dans nos familles occidentales : il est présent dans un tiers environ d’entre elles. Jusqu’à ces dernières années, les familles qui faisaient l’acquisition d’un chien souhaitaient surtout un animal de compagnie ou d’agrément. L’objectif et le mode de vie avec le chien étaient relativement simplifiés par rapport à ce que l’on voit apparaître depuis peu. Mais le chien de compagnie est petit à petit devenu un véritable compagnon : partageant le même habitat, la famille et le chien vivent dans une proximité d’autant plus étroite que l’animal participe aux différentes activités de la famille et en vient à être considéré comme un membre à part entière de cette famille.

Le chien est un relais affectif pour les enfants. La notion d’attachement ressort d’ailleurs souvent dans les études scientifiques sans qu’il y ait une véritable cohérence entre la vision psychologique humaine et la vision éthologique animale. Le plus souvent, « l’attachement affectif » est considéré en fonction de l’intérêt que l’enfant porte à son animal et du partage émotionnel qu’il déclare ou que l’on observe. Les « comportements d’attachement » sont aussi envisagés, sous-entendant que le lien affectif est associé à l’implication de l’enfant à l’égard du chien : état de préoccupation (caregiver, en anglais) pour le chien ou mise en œuvre de différentes occupations avec le chien. Ainsi, la proximité avec le chien, le temps passé avec lui, le partage d’expériences émotionnelles positives, la communication tactile et visuelle, la réciprocité des interactions sont autant d’éléments significatifs. Le chien peut être une « figure d’attachement » qui fournit à l’enfant le sentiment de sécurité, de protection, de confort rassurant. Il participe à l’équilibre du développement de l’enfant allant de la sécurité à l’autonomie, vers l’indépendance. Le développement de l’estime de soi chez l’enfant a été nettement reconnu à partir du degré d’attachement avec le chien.

Le chien est un copain de jeu pour les enfants. Les interactions de jeu ont été assez peu prises en compte dans les recherches et sont pourtant très caractéristiques dans le comportement social du chien. La plupart des enfants font part de leur attirance vers l’animal en tant que camarade de jeu. On trouve fréquemment des situations de jeu communes, par exemple le fait de rapporter des objets, la poursuite, le « chamaillage » ou encore des activités à la fois sportives et ludiques (agility).

À partir de tous ces éléments, la présence du chien est souvent considérée comme favorable dans une famille. Or, le chien étant devenu un membre de la famille, les exigences à son égard se sont multipliées. Par exemple, les parents demandent au chien d’être à la fois de bonne compagnie pour eux-mêmes et pour leurs enfants, mais il doit aussi être capable d’accepter leurs absences prolongées. Ils lui demandent d’être gentil, agréable et enjoué, mais aussi d’être respectueux dans les contacts, d’être assez calme pour ne pas gêner le voisinage, et assez obéissant pour ne pas trop déranger la famille et l’habitat. Ils attendent plus particulièrement du chien qu’il comprenne rapidement les codes de leur famille… C’est en quelque sorte un « polytechni’chien » qui est censé satisfaire à toutes ces missions.


Le contrôle du chien est source de difficultés dans l’éducation familiale

Les familles qui possèdent un chien de compagnie souhaitent pouvoir le contrôler à la maison et pendant les sorties. Les notions d’obéissance et de désobéissance sont récurrentes dans leur discours : les exigences sociales et les contraintes de la vie urbaine ont créé de nouvelles nécessités. De manière générale, le regard de la société sur celui qui ne se fait pas obéir est très défavorable, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un chien. Cela devient un enjeu important, même dans le cas d’un animal de compagnie. On assiste parfois à la mise en place de véritables pratiques éducatives ; on entend souvent les maîtres dire de leur chien : « Il est têtu », « Il ne veut pas m’obéir », « Il souhaite me dominer ». La notion de contrôle est souvent confondue avec celle d’obéissance et de soumission, ce qui est à l’origine de toutes sortes de malentendus dans l’éducation qu’on souhaite donner à son chien.

Quand des difficultés se présentent, elles peuvent avoir plusieurs causes, plus ou moins reliées au chien : des comportements pathologiques du chien lui-même, des comportements inappropriés du chien en tant qu’animal dans une société d’humains, l’inadéquation de l’environnement de vie du chien mais il peut s’agir aussi de désaccords survenus à la suite de l’arrivée du chien dans la famille ou même de dysfonctionnements familiaux indépendants du chien. Bon nombre de facteurs différents expliquent donc ces difficultés. Ils influenceront évidemment l’évolution du chien lui-même, l’organisation familiale, mais aussi la relation famille-chien passée, présente et à venir.

Lorsqu’il s’agit d’éduquer le chien, la famille peut utiliser des pratiques éducatives spécialement destinées au chien ou appliquer ses propres habitudes de manière implicite, ou encore réaliser un amalgame à sa manière.

Actuellement, il y a deux modèles d’éducation canine. Le plus ancien, le dressage, nous vient des pays anglo-saxons. Il s’inspire des lois behavioristes et décompose les comportements en séquences, selon un schéma simplifié stimulus-réponse. Si la réponse obtenue à l’ordre donné est considérée comme incorrecte, elle est suivie d’une punition ou d’une absence de récompense. À l’inverse, si elle est correcte, il y a absence de punition ou distribution de récompense. L’obéissance du chien est obtenue grâce à une certaine automatisation des comportements à partir de codes gestuels ou verbaux.
Plus récemment, un autre modèle d’éducation a considéré que le duo famille-chien pouvait être comparé à une meute. L’organisation du groupe ainsi reconstitué est nommée « famille-meute » et est considérée comme un système hiérarchisé. Cela induit un rapport de dominance et de soumission dans les interactions quotidiennes entre les humains qui composent la famille et le chien. Le contrôle est obtenu alors, principalement, par la surveillance, l’utilisation de postures dominantes par les humains et la vigilance pour empêcher le chien de dominer lui-même la famille. Dans ce dernier modèle, les notions essentielles de contrôle, de surveillance et de dominance du propriétaire lui permettent de devenir le « chef de meute ». Une mauvaise organisation de la famille ou une instabilité du modèle hiérarchique est aussitôt considérée comme pathologique et porte le nom de « sociopathie ».

Ces deux modèles éducatifs pour les chiens sont largement prédominants dans les discours et les consignes données par toutes sortes de personnes (professionnels ou amateurs) appartenant au monde du chien. On assiste même, de plus en plus fréquemment, à un mélange des deux modèles qui peut aboutir, par exemple, à tenter de soumettre hiérarchiquement un chien par une exigence d’obéissance mécanisée, répétitive et en force. Les effets obtenus pendant ces séances de « dressage » peuvent laisser penser que la soumission du chien a été acquise. Or, on se rend compte que rien ne va plus lorsque l’animal revient dans la famille. Dans d’autres cas, des chiens peuvent avoir été mis en soumission quasi permanente et obéir par perte de choix : ils auront probablement perdu toute aptitude sociale ainsi qu’une grande partie de leurs capacités d’apprentissage, ce qui n’était évidemment pas l’objectif de la famille ! Obtenir le contrôle d’un chien par la contrainte ou l’obéissance par la force amène le plus souvent l’animal à se rebeller et à devenir agressif tôt ou tard.

Quoi qu’il en soit, dans la réalité, ces modèles sont loin d’être appliqués à la lettre dans les familles. Les confusions ou les raccourcis sont fréquents ; les gens ne conservent souvent que certaines idées ou certaines applications et les appliquent de manière plus ou moins hasardeuse, et selon leur propre tempérament. Les mots et les notions utilisés dans l’éducation familiale et l’éducation du chien créent une sorte de puzzle très complexe, doté de nombreux sens cachés.


Des désordres à la maltraitance

Dans l’éducation familiale, une fois les règles établies, l’autorité définie, qu’en est-il de celui qui a désobéi ? Toutes sortes de questions devraient être posées à ce stade de la réflexion. Par exemple, est-ce que les ordres étaient clairs et compréhensibles pour celui qui était censé les recevoir ? La demande était-elle une attente ou une exigence ? Était-elle réalisable ? Dans quels contextes pouvait-elle l’être ou ne pas l’être ? Quel est l’historique des apprentissages de l’individu considéré ? Quelles peuvent être les conséquences des solutions envisagées pour résoudre le problème de la désobéissance ? Le comportement correspondant à ce problème est-il régulier ou ponctuel ? Est-il véritablement répréhensible ? Est-ce l’individu ou le comportement que l’on veut réprimander ? Quel type de bénéfice attend-on ? Quels sont les objectifs à long terme ? Qu’est-ce qu’on veut véritablement obtenir ou éviter ?

La plupart du temps, aucune question n’est véritablement posée. Les solutions sont abordées sur un mode raccourci et direct, d’après des jugements de valeur et des interprétations personnelles. Dans ce cadre, les solutions punitives étant les plus faciles à mettre en œuvre, elles deviennent vite prioritaires et se déclinent sous des formes très variées.

On constate qu’à partir du besoin ou de la volonté de contrôler le chien, l’application des modèles éducatifs associée aux ambiguïtés issues du sens implicite des mots dérive aisément vers un registre nettement opposé à la bienveillance. Pour atteindre plus rapidement l’obéissance, les principes de dominance comme de punition et les moyens susceptibles d’être mis en œuvre à cet effet (recherche de soumission, autoritarisme, punition, correction, châtiment) favorisent l’usage de gestes violents ou menaçants. C’est à partir de tels principes et suite à la répétition de tels gestes que peut s’installer un processus de maltraitance, surtout lorsque le chien n’apporte pas la réponse souhaitée.

Les modèles éducatifs destinés au chien n’ont pas été évalués en rapport avec la complexité des situations familiales et, à aucun moment, on n’envisage les répercussions des conduites semi-violentes ou violentes. L’usage de la discipline physique et des différents types de rapports de force (punitions, violence, secouage, menaces…) comme moyens éducatifs au sein de la famille est par ailleurs reconnu comme facteur de risque de maltraitance. Il arrive que seul le chien soit concerné par ces méthodes.

Dans le cas où les parents utilisent les mêmes principes pour leurs enfants, ceux-ci peuvent aussi être concernés directement. Quoi qu’il en soit, les enfants sont toujours concernés en tant que témoins. Tous ces différents types de violence ont un impact négatif sur les enfants. Décoder les sources et les liens de telles conduites, au sein des familles, même lorsqu’elles ne sont destinées qu’au chien, peut donc présenter un intérêt majeur et aider dans l’évaluation précoce de la maltraitance familiale violente sur les enfants. Or, plusieurs éléments inquiétants peuvent se retrouver dans les attitudes des familles à l’égard du chien : escalades punitives, processus abusifs issus de l’usage de châtiments corporels, utilisation de pratiques disciplinaires inappropriées considérées comme facteurs de risque de maltraitance. Les formes d’enchaînements défavorables dans les interactions familiales avec le chien ou par rapport à lui ne manquent pas. C’est pourquoi une collaboration interdisciplinaire pourrait nous aider à mieux comprendre les abus, les malentendus, les ratages éducatifs et les évolutions de la maltraitance au sein des familles.

Bibliographie

Campan, R. ; Scapani, F. 2002. Éthologie, Bruxelles, De Boeck.

Dehasse, J. 2000. Mon chien est-il dominant ?, Montréal, Éditions du Jour.

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Durning, P. 2002. « L’évaluation des situations d’enfants maltraités : définitions, enjeux, méthodes », dans M. Gabel, P. Durning, Évaluations des maltraitances, Paris, Fleurus.

Fortin, A. ; Durning, P. 2000. « Les punitions corporelles : entre mauvais traitements et bientraitance ? », dans M. Gabel, F. Jesu, M. Manciaux, Bientraitances, Paris, Fleurus.

Kidd, A.-H. ; Kidd, R.-M. 1990. « Factors in children attitudes toward pets », Psychological Reports, 66, p. 775-787.

Legendre, R. 1993. Dictionnaire actuel de l’éducation, Montréal, Guérin.

Mendel, G. 2002. Une histoire de l’autorité, permanence et variations, Paris, La Découverte, Édition de poche.

Pageat, P. 1998. Pathologie du comportement du chien, Maisons-Alfort, Éditions du Point Vétérinaire.

Palacio-Quintin, E. ; Bouchard, J.-M. ; Terrisse, B. 2004. Questions d’éducation familiale, Québec, Les éditions Logiques.

Prairat, E. 1999. Penser la sanction, les grands textes, Paris, Montréal, L’Harmattan.

Voith, V.-L.; Wright, J.-C. ; Danneman, P.-J. 1992. « Is there a relationship between canine behaviour problems and spoiling activities, anthropomorphism and obedience training », Applied Animal Behaviour Science, 34, p. 263-272.



POUR CITER CET ARTICLE

Nathalie Simon « Le chien dans l'éducation familiale : ordres et désordres », Enfances & Psy 2/2007 (n° 35), p. 84-89.
URL : www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2007-2-page-84.htm.
DOI : 10.3917/ep.035.0084.

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MessageSujet: Re: LE CHIEN DANS L'EDUCATION FAMILIALE   LE CHIEN DANS L'EDUCATION FAMILIALE EmptyMer 27 Mar 2013 - 3:17

Si chaque maître prenait connaîssance de cette lecture, le monde canin aurai tout à y gagner.

Merci Monsieur Philippe
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